Caroline vous raconte…

 

La Nouvelle-Orléans… ses marécages, sa musique entraînante, sa cuisine cajun, son culte du vaudou et son sens des festivités. Dans les rues, flotte un parfum de Nouveau Monde, le souvenir des pionniers n’est jamais très loin. Aussi, celle que l’on surnomme la Big Easy est-elle hantée par un passé ô combien riche sur le plan historique. Un héritage culturel que l’on retrouve à chaque coin de rue, au détour d’une maison coloniale, d’un balcon enrobé d’une subtile dentelle de fer forgé, d’un bar speakeasy…

Une fois par an, la foule descend dans la rue, les langues se délient, les corps se délassent, les cultures s’entremêlent. Qu’ils soient d’origine créole, africaine, haïtienne, cajun, européenne ou encore amérindienne, tous viennent assister à cette bacchanale colorée qui fait la réputation de la région outre Atlantique. Durant un peu plus de cinq semaines, la population triple et près d’un million de festivaliers déambulent dans les rues.

Cette année, le carnaval se tient pile en ce moment, du 6 janvier au 5 mars. A l’heure où vous lisez ceci, des dizaines de chars arpentent le quartier français du Vieux Carré, St Charles Avenue, Canal Street, le quartier musical de Marigny, le Central Business District ou encore l’artistique Uptown. Des milliers de personnes se pressent pour admirer le défilé et tenter de collecter le plus d’objets lancés par les membres des krewes : peluches, mugs, friandises, noix de coco ou dubloons, de petites pièces de monnaie fictives frappées à l’effigie du carnaval. Le but ultime étant d’amasser le plus de colliers de perles en plastique aux couleurs de l’événement, un peu comme au tour de France…

Rien ne vous empêche de vous éclipser quelques instants, le temps de vous réfugier dans une boutique d’antiquaire, une friperie, une galerie d’art ou un club de blues, le champ des possibles est vaste !

Vous vous apercevrez bien vite que la Louisiane recèle une toute autre particularité : le drive-through daiquiri… Non vous ne faites pas erreur, il s’agit bien d’un établissement où vous pouvez commander des cocktails frappés depuis votre voiture et repartir en toute légalité (du moins tant que votre couvercle est fermé et la paille fournie séparément…).

Berceau du jazz, la Nouvelle-Orléans reste profondément imprégnée du mouvement et demeure incontestablement mélomane. Aussi, chaque défilé est rythmé au son des fanfares. Saxophone, tuba, clarinette, salopette, claquettes… toute la panoplie est là. Des parades d’animaux ponctuent le passage des chars.

Si le déguisement est de mise, ne croyez pas vous mêler à la foule si aisément… Autant vous dire qu’on est plutôt strict sur le dress code puisque c’est le roi Rex en personne qui l’a établi en 1872.
Osez l’excentricité mais n’oubliez pas d’y ajouter des touches de vert (couleur de la foi), de violet (symbole de la justice) et d’or (incarnation du pouvoir).

Dans l’hypothèse ô combien surprenante où vous ne seriez pas d’humeur à vous joindre aux festivités, n’oubliez-pas que la Nouvelle Orléans est à l’origine du craps et du poker, peut-être aurez-vous la main heureuse…

Si vos connaissances concernant la Nouvelle-Orléans se limitent aux épopées de Tiana dans La Princesse et la Grenouille, au sort funeste de Louis dans Entretien avec un Vampire ou à l’errance de Hushpuppy dans Les Bêtes du Sud Sauvage, on vous conseille vivement de vous rendre sur place pour vous imprégner de l’atmosphère.

Un peu d’histoire, l’origine du Mardi Gras américain :

Mardi Gras est à l’origine une fête religieuse qui fut introduite en Louisiane par les premiers colons français, à la fin du XVIIe siècle. La première édition fut orchestrée en 1699 en l’honneur de l’explorateur René-Robert Cabelier de la Salle qui avait baptisé « Point de Mardi Gras » un territoire situé dans le delta du Mississippi, non loin de ce qui allait devenir la Nouvelle-Orléans.

En 1711, le premier krewe voit le jour : la « Société du Bœuf Gras ». Plusieurs communes commencent à célébrer l’événement.
En 1722, la Nouvelle-Orléans devient capitale de la Louisiane, la tradition veut alors que l’on organise des bals pour se réunir et festoyer.
En 1803, la Louisiane est vendue aux Etats-Unis, un an plus tard a lieu la révolution haïtienne, des milliers de réfugiés viennent chercher asile à la Nouvelle-Orléans, c’est ainsi que se produit le mélange des cultures, intrinsèquement lié à la reconnaissance du site de par le monde.

Sous la gouvernance espagnole, l’événement est interdit, il faudra attendre 1823 pour qu’il revoit le jour et 1827 pour qu’il soit légalisé.
Ce n’est qu’en 1857 que le premier défilé est instauré le soir du Mardi Gras. Il faudra attendre 1870 pour le carnaval devienne ce à quoi il ressemble de nos jours : défilé de chars et parades musicales en fanfares.

Aujourd’hui, près de 80 villes de l’état de Louisiane célèbrent l’événement. Les festivités permettent de laisser libre cours à son imagination, de se défouler avant d’entamer le jeûne et l’abstinence prônés par le Carême. Aussi, il n’est pas rare de voir certaines personnes se déshabiller en espérant récolter plus de colliers.

 

Les Krewes :

Chaque année, le carnaval propose un thème différent et les parades se succèdent, orchestrées par les « krewes », de petites structures secrètes apparues dans les années 1850 qui animent désormais le festival. Bien qu’il en existe des dizaines à présent, les plus anciennes jouissent d’un statut particulier et se doivent de faire honneur à leur réputation. Parmi elle, la krewe de Rex, la Mystic Krewe of Comus, la krewe d’Orpheus ou encore la krewe de Zulu qui, elle, défile chaque année le matin de mardi gras.

Aujourd’hui, elles rivalisent de finesse, d’originalité et d’ingéniosité pour offrir un spectacle grandiose aux visiteurs du monde entier. Chaque parade se compose en moyenne d’une trentaine de chars, certaines en ont jusqu’à deux-cent et c’est sans compter les milliers de costumes. Le carnaval est une véritable institution qui se prépare un an en amont et nécessite un investissement financier conséquent.

 

Un festival de saveurs :

Originellement construite en forme de croissant, autour de la rivière du Mississippi, la Nouvelle-Orléans est communément appelée « Crescent City ». Ce doux sobriquet lui va à merveille quand on sait à quel point la ville a su tirer parti de ses influences françaises sur le plan gastronomique. Attendez de goûter aux pâtisseries locales, vous comprendrez de quoi je veux parler…

Le carnaval est un excellent prétexte pour goûter aux spécialités culinaires de la Nouvelle-Orléans, à commencer par l’alligator et la tortue, si vous êtes téméraire. Déportés durant la seconde moitié du XVIIIe siècle, les Cajuns ont apporté avec eux de nombreuses spécialités qui font désormais partie du patrimoine de la Louisiane, à l’instar des huîtres Bienville, des écrevisses, de l’okra, du tabasco ou encore des crevettes à la rémoulade.

S’il y a bien un plat typique que vous devez goûter, c’est le gumbo : un savoureux ragoût fait à partir de bouillon de viande fumée ou de fruits de mer, accompagné de légumes tels le gombo ou l’okra et servie avec du riz.

Vos papilles sont en éveil ? Essayons donc le jambalaya, un délicieux plat à base de riz épicé, de viande, de crustacés, de saucisse fumée et de lardons.

Une petite faim, que diriez-vous d’une douzaine d’huîtres Rockefeller ? Recouvertes de beurre persillé, d’épinard, d’herbes, de panure et légèrement gratinées au four… de quoi vous ouvrir l’appétit!

Si vous mangez sur le pouce, optez pour le po-boy, un succulent sandwich sous-marin – à l’image de ceux servis chez Subway – composé de pain baguette, de viande rôtie ou de fruits de mer frits.

Si vous préférez la cuisine italienne, nul doute que les muffulettas raviront votre palais : un bon pain sicilien, des olives marinées, du coppa, du salami, de l’emmental, de la mortadelle, le tout froid ou délicatement réchauffé au four.

Enfin, vous ne pouvez repartir de Louisiane sans avoir essayé le crawfish boil, des écrevisses bouillies accompagnées de pommes de terre épicées et d’épis de maïs.

Vous prendrez bien du dessert ? Réputée dans l’ensemble des Etats-Unis, la tarte au pécan est la pâtisserie de prédilection des pionniers. Aujourd’hui, elle rivalise de douceur avec le beignet saupoudré de sucre glace, un incontournable des pauses café.

Avant mardi gras, il est de coutume de manger un King Cake, l’équivalent de la galette des rois en Louisiane sauf que la fève est remplacée par un bébé en silicone et le gâteau recouvert d’un délicieux glaçage aux couleurs du carnaval.
Aussi, si la période se prête aux festins et à la démesure, le banquet doit prendre fin le mercredi des Cendres à minuit, dès lors où commence le Carême.

Où loger à la Nouvelle-Orléans pendant le Carnaval ?

L’affluence étant décuplée, il va de soi que les prestataires de services augmentent considérablement leurs prix à cette période de l’année. L’inflation est présente dans tous les secteurs : restauration, hôtellerie, tours de la ville, activités touristiques… L’offre d’hébergement diminue considérablement, c’est pourquoi il vous faut penser à réserver en amont.