Caroline vous embarque sur son poti marara…

«Ature, ature, 100cfp le paquet… », c’est bon, vous avez la chanson en tête ? Maintenant avouez que vous mangeriez bien un peu de poisson… Un coup d’œil au congélateur… ah non, c’est pau… Bon, on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même alors que diriez-vous de débuter cette nouvelle année avec une session pêche dans nos îles ? Que vous soyez amateur de pêche à la ligne, à la mouche, au filet, féru de pêche au harpon ou que vous aimiez simplement passez des heures à contempler l’horizon en vous laissant transporter par les eaux cristallines de nos lagons, une petite escapade sur un atoll vous fera le plus grand bien…

Alors certes, on peut prendre plaisir à pêcher en bord de plage avec un bâton et un nylon mais avouez que la pêche prend une toute autre dimension dès lors qu’on s’aventure en plein cœur des Tuamotu… Pourquoi ne pas tester une autre forme de tourisme et conjuguer loisir et passion le temps d’un week-end pour prendre le temps de contempler la beauté de nos îles, au fil de l’eau ?

Je vous laisse préparer votre canne et vos hameçons, on s’occupe du vol et de la pension !

Debout ! Vous êtes peut-être en vacances mais quiconque rêve de manger du perroquet à 11h démarre sa journée avant l’aube…
Casquette, crocs, tricot, crème solaire et eau, on dirait que vous êtes prêt à embarquer. Ce serait dommage de vous laisser surprendre par le soleil et de passer votre séjour à vous tartiner d’aloe… J’oubliais le plus important… le kit sardines/maquereaux à tremper dans le café et les casse-croutes à grignoter entre deux touches. A Rome, fais comme les Romains, ce serait dommage de passer à côté d’une expérience culinaire farfelue.
Après la mise à l’eau, il faut être pragmatique et remplir le bac de glace. Une fois arrivés au niveau de la passe, là je ne vous apprends rien, il faut ralentir et guetter les environs. Ensuite, il vous faudra beaucoup d’expérience pour parvenir à détecter les bons spots, à moins que vous ne comptiez sur la chance du débutant…

En effet, la pêche consiste d’abord et avant tout à observer l’environnement et à apprivoiser les éléments. Par exemple, les sternes blanches sont d’excellents indicateurs, c’est incontestablement le meilleur moyen de savoir s’il y a du mahi mahi sous la surface. En étudiant le vol de l’oiseau, sa posture et sa trajectoire, vous décuplez les probabilités qu’un poisson morde à l’hameçon. Si elle vole relativement haut, la tête dans le prolongement du corps, alors la sterne est, tout comme vous, à la recherche d’une proie. En revanche, si elle tourne en rond, le bec orienté vers l’eau, c’est qu’elle suit la course effrénée d’un mahi mahi et, si elle est accompagnée, c’est sans doute qu’ils suivent tout un banc. Bonne pioche ! Si vous ne vous êtes pas fait distancés, il vous faudra ensuite harponner le coryphène avec un fusil sous-marin.

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Le vrombissement du moteur qui vient interrompre la quiétude ambiante, le soleil ardent qui pénètre la peau, les embruns polynésiens qui fouettent le visage et l’attente, entravée par l’espoir. Il faut fondamentalement être un peu solitaire pour apprécier cette activité mais surtout ne pas redouter le silence. Et, plus que tout, il faut savoir s’armer de patience, particulièrement lorsqu’on pêche le ha’urā. Moteur éteint, il faut saisir le nylon à pleines mains, former un angle de 90° et tirer. C’est une discipline éreintante qui brûle les doigts et exige une certaine condition physique mais le sentiment de satisfaction une fois la prise attrapée est tel qu’on en oublie les efforts que cela requière.

L’idée est de se divertir tout en préservant les ressources de l’océan et en valorisant des savoir-faire ancestraux.
Aussi, si cette activité demeure un loisir, il est très rare qu’on pratique le catch and release dans les îles, le sentiment d’accomplissement se retrouve également dans l’assiette! D’ailleurs, si vous n’êtes pas vous-même passionné de cannes et de leurres, peut-être changerez-vous d’avis en goûtant aux poissons que vous aurez vous-même fraîchement pêchés. Et pour contrer le scepticisme de certains, j’ai pris soin de vous montrer ci-dessous qu’on mangeait très bien à Aratika.

Du moteur Suzuki 300 CV à la petit coque alu qui se laisse dériver au large, il n’est pas nécessaire d’être complètement équipé pour passer du bon temps. D’autant plus qu’en choisissant les Tuamotu pour destination, il y a très peu de chances que vous reveniez bredouille. En revanche, quand il s’agit de fatiguer le poisson durant la pêche à la traine, il faut avouer qu’un peu d’aide n’est pas de refus. Fais-moi voir ton bateau, je te dirai quel pêcheur tu es.

Si toutefois vous n’aimez pas accrocher les asticots sur la ligne, que vous n’y connaissez absolument rien en leurres et que la simple pensée du mara’amu et des vagues qui ondulent à perte de vue vous donne le mal de mer, alors peut-être que la pêche aux langoustes vous conviendra mieux. Les pieds dans 20cm à la nuit tombée, votre mōrī pata à la main, vous ne risquez pas grand-chose si ce n’est de trébucher. Vous vous habituerez rapidement à l’obscurité et une fois que vous aurez repéré deux petits yeux rouges, il vous suffira de faire preuve d’un peu d’agilité.

Si vous aimez vous promener sur le récif, vous devriez également tenter la pêche au pōreho, non seulement parce que c’est bon mais aussi parce que, si vous suivez les petits tas de carapaces, vous devriez déboucher sur de petites pieuvres, tapies dans leur cavité.
Autrement, il vous reste la pêche à la mouche et là encore Tikehau et Rangiroa regorgent de flats où vous poster.

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L’avantage aux Tuamotu, c’est que ça mord ! Parfois même un peu trop et il n’est pas rare de mouliner pour ne remonter qu’une partie du poisson. Oui, certains requins sont plus rapides que vous… En revanche, pas besoin de vous soucier du leurre, ici impossible de revenir les mains vides. Des pêcheurs avisés me murmurent cependant à l’oreille que les poppers, jerks et buldos font très bien l’affaire, notamment avec les petites carangues.

Chaque lagon revêt quelques spécificités, néanmoins celui de Tikehau est réputé pour être l’un des plus poissonneux au monde. Aussi, il suffit de regarder le ratio pêcheurs/habitants pour se rendre compte que ce n’est pas un mythe.

Mahi mahi, thon, bonite, espadon, l’archipel abrite des milliers d’espèces. A l’entrée des passes, vous trouverez notamment des oco, des becs de canne, des paraha peue, des poissons lunes et des io io. Si vous cherchez des barracudas ou des paihere, mieux vaut vous y prendre à la nuit tombée. Quant aux ‘o’iri, rei, mārava et ‘orare, je vous laisse découvrir les astuces par vous-même, ça vous donnera une bonne raison de voyager…